R E P U B L I Q U E
Documentary essay, 48mn
Synopsis
In 2016, upon returning from a long stay abroad, I discovered that a mysterious social movement had taken root in Place de la République. Spontaneous, creative, committed, and joyfully chaotic, Nuit Debout embodied the promise of a possible way of living together. Intrigued, I decided to go there with my camera to understand.
Very quickly, I took the opposite approach: "not to understand, but to lose consciousness," as Paul Claudel put it. My focus shifted to the mythological Man, the elements and codes the movement used to shape its own revolutionary mythology: gestures, bodies in motion, the crowd, the assault on a statue, banners, being together, chants, spray-painted messages, colors, music…
I deliberately chose to pay little attention to the liberated speech, often confused, chaotic, or doctrinaire. The disputes were inaudible, the long-winded speeches drowned in feedback. At several moments in the film, I chose to silence these words, leaving only the gaze: an extraction from reality that better reveals these mythological codes, reflections of a people seeking to reclaim their destiny.
I would spend four years on that square. After Nuit Debout was ultimately swept away, came the 2017 elections, followed by the Yellow Vest movement in 2019, which was also violently repressed.
If we consider Utopia — in the words of philosopher Slavoj Žižek — as a survival urgency compelling us to invent new spaces, what form could it take today, after the failed attempts of Nuit Debout and the Yellow Vests?
En 2016, à mon retour d’un long séjour à l’étranger, je découvre qu’un mystérieux mouvement social s’est durablement installé sur la place de la République. Spontané, créatif, engagé et joyeusement foutraque, Nuit Debout incarne la promesse d’un vivre-ensemble possible. Intrigué, je décide d’y aller avec ma caméra, pour comprendre.
Très vite, je prends le parti inverse : « ne pas comprendre, mais perdre connaissance », selon la formule de Paul Claudel. Mon regard se porte alors sur l’Homme mythologique, ces éléments et codes que le mouvement mobilise pour façonner sa propre mythologie révolutionnaire : les gestes, les corps en mouvement, la foule, l’assaut d’une statue, les étendards, l’être ensemble, les chants, les messages à la bombe, les couleurs, la musique…
Je choisis volontairement de prêter peu d’attention à la parole libérée, souvent confuse, brouillonne ou doctrinaire. Les litiges sont inaudibles, les discours-fleuves se noient dans les larsens. À plusieurs moments dans le film, je fais le choix de faire disparaître cette parole pour ne laisser place qu’au regard : une extraction du réel qui permet de mieux saisir ces codes mythologiques, reflets d’un peuple cherchant à reprendre son destin en main.
Je passerai quatre ans sur cette place. Après Nuit Debout, finalement balayé, viendront les élections de 2017, puis le mouvement des Gilets Jaunes en 2019, lui aussi violemment réprimé.
Si l’on considère l’Utopie — selon les mots du philosophe Slavoj Žižek — comme une urgence de survie nous contraignant à inventer de nouveaux espaces, quelle forme pourrait-elle prendre aujourd’hui, après les tentatives avortées de Nuit Debout et des Gilets Jaunes ?
Crew
Produced, directed, written and filmed by : Philip Martin Lacroix
Produced by : Rois de cœur Productions
Editing : Maxime Garault, Philip Martin Lacroix, Isabelle Putod
Mix : Hervé Guyader
